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  • Photo du rédacteurCafé-Diplo en Sorbonne

En finir avec les luttes défensives, Bernard Friot, Novembre 2017





"Les conquêtes sociales de ces deux derniers siècles présentent partout la même limitation : si, en principe, les peuples décident de leur destin politique, il n’est pas question de souveraineté populaire sur l’économie. Remédier à cette hémiplégie n’implique-t-il pas pour les progressistes un changement de perspective : non plus seulement s’opposer aux réformes, mais promouvoir un autre modèle ?"




Critique


Le mot qui semble aujourd’hui totalement éradiqué et qui autrefois faisait l’identité politique d’une majorité de Français est prononcé : communiste. Il faut peur, remémore les « moments les plus sombres de notre histoire ». Vraiment ?

Le champ de bataille de Bernard Friot est celui sur lequel s’était affirmé le PCF : le travail. Son arme ? Le salaire à vie. Il ne s’agit pas là de la carotte génétiquement modifiée par Thomas Piketty pour la campagne de Benoît Hamon en ce début d’année mais bien d’un plan de reconquête du système économique par les vrais producteurs. Les réussites proprement communistes du XXe siècle dans ce domaine ne doivent plus être perçues comme des barricades face aux bulldozers du libéralisme mais doivent être mises en mouvement comme des bases de départ pour une nouvelle façon de penser le travail. Cette idée n’a eu droit jusqu’ici qu’aux moqueries des économistes du « réel » qui ont vu piteusement s’écrouler le projet du candidat du parti socialiste, désagrégeant une à une les pierres de l’édifice à coup d’interviews et de sondages pour n’en laisser que des ruines. Pourtant, le système tel qu’il est développé par Friot aurait de quoi faire peur aux chiens de garde du Medef. Pour la gauche, il représente une stratégie efficace qui permettrait non seulement de s’échapper du territoire de chasse de la droite, mais surtout de se positionner sur un terrain où elle peut se montrer offensive. Si la meilleure défense est l’attaque, il est temps de riposter face aux réformateurs néo-libéraux.

Le spectacle de cette campagne a permis de situer la fuite (si ça n’était pas déjà fait) ; le milieu politico-médiatique n’est pas un lieu propice aux idées novatrices et certainement pas celui d’une révolution. Pour changer le monde, il faut s’adresser au monde, c’est-à-dire à ceux qui en sont véritablement le moteur. L'économiste les a identifié en creusant la notion de producteur. C’est désormais une affaire de publicité, dans le sens littéral du terme qui se pose. Comment atteindre les producteurs et changer leurs modes de conscience ? Le militant du futur n’agit pas dans une cage dorée de militants universitaires parisiens et n’est pas enfermé dans une usine. Internet est ici plus qu’une métaphore, il offre l’espace nécessaire à la construction et au déploiement des idées. Le réseau social n’est pas seulement constitué en ligne, il doit se matérialiser en organisations parallèles des institutions rouillées et offre pour cela toutes les clés nécessaires : traduite en données numériques, la pensée n’a plus d’obstacle, elle échappe aux frontières et aux censures. Il ne tient qu’à nous de créer une culture internationale critique et active.


Auteur: Sociologue et économiste français, professeur émérite à l’université Paris-Nanterre, communiste. Il analyse la représentation du travail en France et définit un modèle de remplacement au capitalisme par le salaire à vie. Ne pas hésiter à chercher sur internet, des vidéos longues mais très riches apporteront un bon aperçu de sa pensée.


François-Pierre Melon.


Voir aussi :


  • Pierre Rimbert, « Contester sans modération », LMD, 05/2016

  • Bernard Friot, Vaincre Macron, Editions la Dispute, 2017

  • document vidéo : Usul, « Salaire à Vie (Bernard Friot) », Mes chers contemporains, 09/2015 https://www.youtube.com/watch?v=uhg0SUYOXjw


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