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  • Photo du rédacteurCafé-Diplo en Sorbonne

Les droites latino américaines à l'offensive - Christophe Ventura, conférence en Sorbonne, 07/02/18

Dernière mise à jour : 20 mars 2018

Lire les articles de C.Ventura dans le Monde diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr/2017/03/VENTURA/57271 ; https://www.monde-diplomatique.fr/2017/03/VENTURA/57288


Synthèse spontanée (critique)


Une droite forte de son opposition aux mouvements révolutionnaires peut se targuer de ce qui fait baver les conservateurs et les libéraux européens et étasuniens : une universalité de fortune et de faits qui lui permet de s'aliéner la totalité du monde social. Aux yeux de nos sociétés, sa mise en situation permanente avec l'acteur marxiste et révolutionnaire en fait une unité, une couleur sociale, un miroir que le néo-libéralisme trouve étrangement déformant, parfois insultant ; se trouve de drôles de réflexes dans l'édification plus encore que dans le maintient de ces régimes oligarchiques de propriétaires terrien, traditionalistes, racistes ou encore militaires. Depuis la relative décolonisation du continent, l'opinion libérale n'a pas pu faire autrement que de confondre dans l'exotisme latino américain la politique latino américaine elle-même. Après l'esprit du capitalisme, il y a l'imagination qui se concrétise dans des opérations Condor, des coups d'Etat, des chasses à l'homme marxiste dans les maquis colombiens, boliviens : les Etats-Unis eux-mêmes entendent prendre l'air dans leur arrière-cour, profiter du paysage et dégourdir les jambes du conservatisme, sorte de versant existentiel du néo-libéralisme.


Le libéral latino américain convaincu ne peut rien contre ce prisme révolutionnaire constamment braqué sur son activité sociale et politique qui revoit à la baisse ses ambitions de représentant de l'ordre idéal du monde. Il accepte dans un haussement d'épaules la carrure du militant conservateur au sein d'une droite qui se trouve une vocation universelle en accomplissant le rêve de toutes les autres droites du monde : elle est libre de ses mouvements, vit le rêve de sa vie sociale ; honnête citoyenne de l'économie mondiale, elle n'a pas de compte à rendre au capitalisme incarné au Nord. Elle se vit dans la cumulation des formes politiques les plus diverses qu'on lui trouve, triomphe de tout en même temps qu'elle gouverne ; elle est dans un même élan de vie dictature, populisme, bourgeoisie propriétaire, fascisme ; on la laisse être tout ce qu'elle voudrait qu'elle soit, s'idéaliser, vivre à l'international sans jamais la contrarier, sorte de revers étrange de l'ensemble du monde capitaliste. Elle vit un rêve : la démocratie libérale s'est engagée dans sa bonne santé comme une religieuse en couvent réaffirmerait un trait de personnalité.


Anissa Braham.


L'auteur : Spécialiste de l'Amérique latine, auteur de L’Éveil d’un continent. Géopolitique de l’Amérique latine et de la Caraïbe, Armand Colin, Paris, 2014

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