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  • Photo du rédacteurCafé-Diplo en Sorbonne

Projet pour une presse libre, Pierre Rimbert, Décembre 2014


Pierre Rimbert propose avec cet article un modèle de réforme du système médiatique français. Membre d'ACRIMED, il dépasse le constat pessimiste d'une dégradation générale des médias pour imaginer un nouveau cadre qui lui réaffirmerait son indépendance vis-à-vis du marché et de l’État. Ce n'est pas pour rien que cet article fut choisi pour clore le numéro Manière de voir numéro 146 « Faire sauter le verrou médiatique ». Il s'agit bien ici d'une formulation lucide, claire et intelligible de ce que désire le Monde diplomatique pour transformer les médias. Partant du constat bien connu de l'appropriation de l'information par les grands groupes industriels alors que celle-ci se veut avant tout un bien public, il s'écarte du monopole d’État et du monopole privé pour décrire un système d'autonomie financière et salariale des médias. Il s'agirait tout d'abord de distinguer parmi les médias ceux à caractère d'intérêt général pour leur conférer un statut particulier. Celui-ci reposerait sur la création d'un service mutualisé qui réunirait toutes les étapes de création de l'information, de sa rédaction à sa vente, et permettrait à n'importe quel journal de dépasser toutes les contraintes matérielles à sa publication. Ses dépenses se résumeraient ainsi à la rémunération des journalistes, les autres étant prises en charge par le Service. Mais comment le financer ? Par la cotisation sociale, comme la sécurité sociale à l'heure où j'écris ces lignes. Le modèle s'inspire donc fortement du Salaire à vie de Bernard Friot, qui voit dans la mutualisation de l'économie la meilleure manière de s'émanciper à la fois de l’État et des intérêts privés. Conscient de l'inachèvement d'une telle proposition politique, Pierre Rimbert conclue en rappelant que les médias sont le nerfs de la lutte sociale et que, sans leur amélioration, il est difficile d'imaginer un quelconque changement majeur.


Lire l'article complet : https://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/RIMBERT/51030 ou dans le numéro 146 de Manière de voir.


Critique

C'est justement par ce constat final que l'article trouve ses limites : si les médias actuels ne servent qu'à la perpétuation du système néo-libéral, comment parvenir à mettre au pouvoir le gouvernement qui mettrait en place cette réforme ? Cette objection d'ordre générale, nous pouvons certes aussi bien la formuler à Bernard Friot et à n'importe quel réformiste, mais à l'heure où le gouvernement actuel envisage de réformer la Sécurité Sociale pour la financer par l'impôt et non plus par les cotisations sociales, difficile d'imaginer à court ou moyen terme un renversement de la vapeur. D'autre part, la distinction entre médias d'intérêt général et médias de divertissement me paraît assez floue dans la mesure où n'importe quelle revue spécialisée peut prendre des partis-pris politiques assez clair. Lorsque l'édito de Michel Ciment du numéro de Positif du mois d'octobre 2017 plaide pour un cinéma libertaire, il est difficile de lui ôter toute substance politique, même si celui-ci ne fait pas directement référence à l'anarchisme. Dès lors, pourquoi devrait-on laisser tous les médias de « divertissement » dans leur fange et/ou leurs soucis financiers sous prétexte qu'ils ne seraient rien d'autre ?

Marius Jouanny.


Références :

  • Bernard Friot, sociologue et économiste

  • Michel Ciment, critique de cinéma et écrivain

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